Découper selon les traits

Je reçois un violent coup dans le genou.
Comme dans les comédies françaises, lorsqu'on souhaite faire signe discrètement.
Il semblerait que je hurle dans mon téléphone, mais je n'en ai pas particulièrement conscience.
Je tente d'expliquer à quel point je suis navré de la tournure que prennent les évènements.
Que l'on peut sûrement s'arranger.
Que je suis fidèle à ma parole.
Que l'on peut compter sur moi.
Que je...
Merde...
Je n'y crois même pas moi.

Les deux femmes à nos côtés boivent littéralement nos paroles.
Je me cure le nez en leurs souriant.

En cas de choc anaphylactique, c'est à dire, la manifestation la plus grave de l'hypersensibilité immédiate, le pronostic est souvent fonction de la rapidité de la mise en route du traitement.
En cas de collapsus, appelé également état de choc, et afin de corriger ce choc, il faut administrer rapidement de l'adrénaline.

Mesdames et Messieurs, en cas de choc violent dû à l'hypersensibilité, des seringues d'adrénaline sont à votre disposition dans la pochette placée devant vous.

" - Nous ne pouvons plus vivre de cette façon. Son père qui me toise, sa docilité maladive, son conventionnalisme. Sa fadeur.
- Pourtant quand je le rencontre, je trouve qu'il est toujours bien peigné.
- Il se met en colère quand je critique le gouvernement.
- Ca t'apprendra à trainer dans les bars de célibataires
- Tu veux qu'on reparle de ton hystérique qui te harcellait ?
- Cela m'a appris à changer de route tous les deux jours."

Une petite araignée file le long de ma joue.
Je suis la tête l'herbe.
Je suis bien.
Humide mais bien.

" - Celà me prend aux tripes. Comme une envie de frapper. Pouvoir agir comme avec un interrupteur.
- Et tu te libères en claquant plus d'une brique.
- A quoi bon de toutes facons ? Je suis seule toujours un peu plus chaque jour. Autant tout brûler.
- Une brique et pas la moindre mini-jupe.
- Juste basculer sur l'autre position et tout faire disparaître. Une détente relachée par sa gachette. Tout changer.
- Une bonne piqure d'adrénaline, peut être ?
- Tu changes toujours de route tous les deux jours ?
- Je t'ai dit que j'en suis arrivé à un point où je ne peux plus rester chez moi ?"

La brume qui tarde à se dissiper.
Rorschach dans le ciel. Des femmes nues. Partout.
Ce serait un matin idéal pour frissonner sur Summertime de Janis.
L'araignée palpe ma lèvre supérieure d'une de ses pattes.
No, no, no, no, no.

"- Qu'est ce que tu fous là ?
- Une subite envie de dormir à la belle étoile, j'ai du mal avec les endroits fermés en ce moment.
- Pas trop trempé ?
- Tu penses qu'on peut faire un choc anaphylactique avec une piqure d'araignée ?
- Espèce d'abruti, tu ne sais même pas comment cela s'écrit. Viens plutôt m'aider à relever les lignes.
- Une piqure dans le coeur, alors peut être ?
- Dans ce cas, pas de souci, le tiens a depuis bien longtemps glissé entre tes jambes."

"Enfin !!
Voilà un caca comme moi, un caca parfait. Mes félicitations tu as parfaitement équilibré ta nourriture. Tendre mais pas mou, consistant pas pas dur, fibreux mais pas trop, la perfection, le meilleur des cacas !
Continue comme ça !"