10.12.04

Un vendredi un peu fatigant


La pause tendresse en Entreprise, ce n'est pas un vain mot.

Extrêmement las.
Voila ce que je suis.

Cela avait commencé il y a trois semaines de cela,
déjà,
avec l'ouverture sauvage du coffre de ma voiture,
dans mon garage, dans mon parking, dans mon immeuble.
Coffre qui contenait un case garni jusqu'à la gueule de raretés musicales.
Nous possèdons trop, bien trop.

Adieu les obscures productions de labels en faillite,
adieu mes raretés dénichées à NY, adieu, adieu.
Bon courage pour refourguer çà,
la silver session sonic youth et loren mazzacane connors
clair qu'elle va trouver preneur chez mimile à 2 euros.

Toutefois, cela ne m'avait curieusement pas trop bouleversé,
étant un peu détaché de cette monomaniaquerie, avec le temps.
Perdre ses disques, aujourd'hui, ce n'est plus pareil.
Partent des souvenirs, en reviennent d'autres.

Mais quand même,
bien que convaincu de l'infini solitude et dénuement qui nous caractérise
à la naissance et à la mort;
petit pincement au coeur.
Je n'aurais pas été contre le fait d'avoir recours à la violence gratuite.
Comme j'ai vu Fight Club et que j'ai pris des notes dans mon carnet en tirant la langue,
ça m'a passé au bout de quelques jours.

Ca m'avait quand même mis la puce à l'oreille cette histoire,
je sentais bien que ça n'allait pas s'arrêter là.

Ca avait continué avec la destruction de mon téléphone portable,
qui, dans une splendide chute digne d'un 10 absolu aux jeux olympiques,
s'était démonté avec une minutie propre aux pires tortionnaires de l'Inquisition.
Cela m'avait agacé environ un quart d'heure, peut être deux,
et puis ça m'avait passé.

Et puis il y a ce matin.

Partant à la forcément très importante réunion du vendredi matin,
déjà presque en retard du transport commun.

Et puis il y a ce petit mot dans le hall d'entrée,
nous signifiant par la présente que les caves dont les numéros suivent
et dont je fais évidemment partie ont été visitées dans la nuit,
et que traderidera, trade ri de ra et tra la la.

Une journée à se faire souci sur le devenir d'une cave pourrie remplie de vieux livres et de peinture sechée, à ne plus se rappeller exactement s'il pouvait bien y avoir quelque chose de rare à l'intérieur.

Il est grand temps que je fasse une pause.
Je trouve que ces temps ci je me prends un coup de vieux con.


9.12.04

De l'importance des transports en commun dans l'avènement du Grand Soir


Jojo le mérou est caché sur cette photo, sauras tu le retrouver ?


Je ne sais plus trop ou j'ai lu ca.

En fait si, je le sais, en y pensant un peu.
C'etait dans un recueil de dessins de Wolinski, Georges.
Wolinski ca doit etre l'un des tout premiers dessins dont je me souvienne etant enfant.
Je crois que l'ai toujours un peu considere comme de la famille, une sorte d'oncle eloigne.
Je me suis longtemps demande ou etaient toutes ces femmes qu'il dessinait, aussi.
Et puis il me semble avoir compris qu'il suffisait de regarder.
Je me rappelle aussi de C. qui collectionnait ses dessins
et que j'ai tres longtemps cru echapee d'un de ses livres.
Principalement au cause de la facon dont elle se tournait pour me regarder parfois.
De cet instant irradiait une feminite terrible.
La meme, il me semble, que tentent parfois de capter ses dessins.
Ce n'est pas non plus Michel Ange, on est bien d'accord,
mais j'ai toujours eu pour lui une sympathie un peu stupide. Point.
J'aime bien Patrick Sebastien aussi (en cachette) et je vous merde.

Tout ca pour dire, Wolinski, dans un de ses bouquins,
parlait du concept de premiere fois.
Pas la Premiere Fois deniaisante, enfin, pas seulement,
mais toutes les premieres fois, le premier bisou, la premiere voiture, le premier deces.
Il y a un moment ou tout est une premiere fois,
ces fameuses premieres fois qui marquent toute une vie,
tellement nombreuses qu'on y prete meme pas attention,
et puis progressivement, les premieres fois se font de plus en plus rares,
tellement rares que lorsque l'une d'entre elles surgit,
il convient de les traiter avec la plus delicate des attentions.
Je ne parle meme pas des dernieres fois.

Hors donc,
premiere fois.

Nous etions tous sagement assis, fourbus par une journee de paix sociale acquise a moindre frais.
Le train allait gaillardement, dans la demie penombre, se riant de ce vent vicieux qui faisait son interessant.
Les arrêts s'enchainaient les uns après les autres et l'on pouvait déjà presque sentir le manger des voisins.
Et puis ca s'est produit.

Le train s'est arrêté, il a pris son temps pour repartir.
L'arrêt n'a pas été bien long, juste ce qu'il faut pour qu'on le remarque,
juste assez pour que l'on prenne conscience du monde qui nous entoure.
Les portes etaient ouvertes et il y eut subitement un silence pesant.
Mieux, il n'y eut plus un bruit. Une rame plongée dans l'ambre.

Dehors, la mer agitée avalait les dernières traces roses du couchant dans un grondement apaisant.
Plus rien n'existait, ni le temps, ni nous, l'air subitement iodé anesthésiant les dernières âmes encore insensibles au spectacle.
Une porte ouverte sur un autre monde, ou plutôt sur notre monde,
rendant vaine la moindre velléité productiviste.

Lorsque les portes se sont refermées, je pense que nous, gens de la rame (mer / rame, ahah),
n'étions pas loin de monter une communauté auto-gérée.

La premiere fois ?
En rentrant, mon chauffe eau avait eclaté,
il y avait deux centimètres d'eau dans tout l'appartement.



7.12.04

Le monsieur aux camélias


de laryngia profundis

Je tousse.

Un truc con en fait.

Après de sages années d'abstinence nicotinienne (nicotinique ?),
d'incalculables heures passées à prôner le sevrage à un entourage admiratif de tant d'abnégation hygiènique (à moins que ce ne soit de la lassitude polie),
après avoir développé un odorat prompt à distinguer un Gevrey Chambertin d'une Simca,j'ai finalement repris la cigarette.
En juin, je crois, pour fêter mon anniversaire.Ou la fin de l'école.
Enfin, si j'allais encore à l'école.

Toujours est il que j'ai recommencé à fumer.

Je dis pas, hein, moi, la cigarette, j'aime plutôt bien ca et il me semble d'ailleurs que je ne suis pas le seul; les cowboys fument et ce n'est pas un hasard.
Mon corps, en revanche, ne semble pas trop être de cet avis.
Après un été passé à convoyer des troupeaux entre Denver et Santa Fe avec Bill Pistol et Micky les 4 doigts, dès les premiers frimas venus, je me suis payé une laryngite carabinée.

Je comprends d'ailleurs mieux ce que l'on entend par carabiné.
Se faire tirer dessus par une carabine.
Effectivement. Ok.
Colt contre Winchester, le cimetière est plein de gloires locales.
Alors j'ai arrêté.

Le problème, c'est que je me trimballe quand même cette chose depuis un bon moment et que rien n'en vient à bout (bon c'est vrai, je fume en cachette dans la penderie, mais ne le dites pas à ma mère).
Elle a empiré au point de devenir totalement incontrôlable. Une sorte de possession vaudou qui aurait repris trois fois de la purée, si vous voyez.
On ne soupconne que mal la portée dévastatrice des transports en commun.

Donc, assez souvent et de façon irrégulière, je suis pris d'un intense toux, qui me fait expectorer tout ce qu'il est possible de passer par un diamètre decent de bouche.
Je ne parviens plus à respirer, m'arrache une bonne demie livre de larynx, parle comme le parrain et, comble du détail, je parviens même à me faire cracher de la bile. Enfin, uniquement quand il y a du monde, tant qu'à faire.
La classe non ?

Même si je suis plutôt favorable à son eradication totale et brutale, de préférence par des anciens hommes de main d'une quelconque police secrète de l'ancien bloc soviétique, je dois avouer que j'ai commencé à m'habituer à cette petite bête.
Ca me donne une sorte de profondeur.
"Non les gars, partez sans moi, le troupeau doit être à San Diego avant ce soir, il me reste assez de clopes pour tousser encore deux jours. "

Nous avons développé une complicité tacite, de la tendresse, comme ces couples de vieux gens frêles dont les gestes sont tant délicats qu'on les croirait en porcelaine.
Nous, nous sommes en pyrex, voilà tout.

Mais cette passion dévorante doit finir.
C'est elle ou moi.

N'empêche qu'après avoir pris rendez vous chez le doc Holliday,
en raccrochant le téléphone,
j'ai repensé à la tête que le chat faisait quand j'étais parti le faire castrer.
Je n'avais pas pu.
En chemin, je m'étais arrêté et nous avions fait demi tour.
D'ici que je flanche à la lisière de la porte...

La prochaine fois que j'ai 30 ans,
rappellez moi de plutôt prendre un suppo.

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