7.12.04

Le monsieur aux camélias


de laryngia profundis

Je tousse.

Un truc con en fait.

Après de sages années d'abstinence nicotinienne (nicotinique ?),
d'incalculables heures passées à prôner le sevrage à un entourage admiratif de tant d'abnégation hygiènique (à moins que ce ne soit de la lassitude polie),
après avoir développé un odorat prompt à distinguer un Gevrey Chambertin d'une Simca,j'ai finalement repris la cigarette.
En juin, je crois, pour fêter mon anniversaire.Ou la fin de l'école.
Enfin, si j'allais encore à l'école.

Toujours est il que j'ai recommencé à fumer.

Je dis pas, hein, moi, la cigarette, j'aime plutôt bien ca et il me semble d'ailleurs que je ne suis pas le seul; les cowboys fument et ce n'est pas un hasard.
Mon corps, en revanche, ne semble pas trop être de cet avis.
Après un été passé à convoyer des troupeaux entre Denver et Santa Fe avec Bill Pistol et Micky les 4 doigts, dès les premiers frimas venus, je me suis payé une laryngite carabinée.

Je comprends d'ailleurs mieux ce que l'on entend par carabiné.
Se faire tirer dessus par une carabine.
Effectivement. Ok.
Colt contre Winchester, le cimetière est plein de gloires locales.
Alors j'ai arrêté.

Le problème, c'est que je me trimballe quand même cette chose depuis un bon moment et que rien n'en vient à bout (bon c'est vrai, je fume en cachette dans la penderie, mais ne le dites pas à ma mère).
Elle a empiré au point de devenir totalement incontrôlable. Une sorte de possession vaudou qui aurait repris trois fois de la purée, si vous voyez.
On ne soupconne que mal la portée dévastatrice des transports en commun.

Donc, assez souvent et de façon irrégulière, je suis pris d'un intense toux, qui me fait expectorer tout ce qu'il est possible de passer par un diamètre decent de bouche.
Je ne parviens plus à respirer, m'arrache une bonne demie livre de larynx, parle comme le parrain et, comble du détail, je parviens même à me faire cracher de la bile. Enfin, uniquement quand il y a du monde, tant qu'à faire.
La classe non ?

Même si je suis plutôt favorable à son eradication totale et brutale, de préférence par des anciens hommes de main d'une quelconque police secrète de l'ancien bloc soviétique, je dois avouer que j'ai commencé à m'habituer à cette petite bête.
Ca me donne une sorte de profondeur.
"Non les gars, partez sans moi, le troupeau doit être à San Diego avant ce soir, il me reste assez de clopes pour tousser encore deux jours. "

Nous avons développé une complicité tacite, de la tendresse, comme ces couples de vieux gens frêles dont les gestes sont tant délicats qu'on les croirait en porcelaine.
Nous, nous sommes en pyrex, voilà tout.

Mais cette passion dévorante doit finir.
C'est elle ou moi.

N'empêche qu'après avoir pris rendez vous chez le doc Holliday,
en raccrochant le téléphone,
j'ai repensé à la tête que le chat faisait quand j'étais parti le faire castrer.
Je n'avais pas pu.
En chemin, je m'étais arrêté et nous avions fait demi tour.
D'ici que je flanche à la lisière de la porte...

La prochaine fois que j'ai 30 ans,
rappellez moi de plutôt prendre un suppo.



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