23.10.05

D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais aimé me battre.

Des terrasses de cafés, des arrière salles de restaurants.
Des salons douillets, des bords de mer.
Des lits pliants mal huilés, des matelas mousse partagés l'espace d'une poignée d'heures.
Et toujours donner un faux nom.

Tout plutôt que rentrer.
Le transit, mode de vie.
Tenir jusqu'aux premiers battements de la ville à l'aube.

Retourner son répertoire, appeller de vagues connaissances.
Composer des faux numéros. Rappeller d'obscures inconnues.
Avaler les kilomètres comme autant de pilules vers l'oubli.
Agrippé aux tables alors que glissent les rideaux d'acier.
J'ai de l'argent.
J'ai même de l'argent chinois, roulé en boule quelque part.
Je peux payer.
Vous ne me ferez pas bouger.

Le frigo vide, l'appartement en bataille, la boîte aux lettres ras la gueule.
Prétendre que le temps n'a pas de prise, que je ne suis pas là.
Somnoler quelques instants, juste assez pour recommencer à courir à en perdre haleine.
Reprendre le marathon.
Une course contre moi même.
Contre la bête tapie qui grogne et réclame son dû.

Prétendre que l'on a pas perdu une miette de la conversation.
Réfréner un hoquet de nausée.
Des femmes à la mâchoire collée par des injections de botox qui narrent avec force détails la séparation d'avec leur second mari.
Des hommes couchés sur le comptoir qui égrenent patiemment la lente dégénérescence de chacune de leurs cellules osseuses.
Flatter des inconnus sur des clichés écornés tirés en mat 10x15
C'est juste une question de patience.

"- Ca te va bien la barbe.
- Ne parle pas, tu te déconcentres. Continue à tirer et surtout vise la tête.
- Celà fait des heures que nous jouons.
- Nous resterons tant qu'il y en aura encore un debout.
- Tu prends peut être tout celà un peu trop à coeur. Après tout, ce ne sont que des zombis virtuels.
- Même virtuels, ces gens comptent sur nous, nous sommes leur dernier espoir.
- Il doit sûrement y avoir une autre solution ?
- Je suis convaincu qu'il n'y peut y avoir de meilleure solution que des mains meurtries aggripées sur une arme encore fumante."

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