22.12.04

Ex fan des sixties


C'est très jus de raisin...

Spontanement, je ne pense pas pouvoir me classer dans la catégorie des gros lecteurs.
Certes je lis, et pas uniquement le courrier de mes exs quand j'ai un tournevis sous la main.
J'ai souvent des crises compulsives sur des auteurs, des coups de coeur pour des couvertures aguicheuses,
de terribles lacunes que je m'applique honteusement à cacher.

Mais j'ai quand même conscience d'aller au plus facile,
un peu comme quand on va draguer les allemandes au camping.

Trônant dans un coin, se trouve ma pile de la honte,
dont la hauteur varie selon l'humeur et la motivation.
C'est une superposition émue de mes notes pour plus tard, de mes souhaits d'émancipation culturelle,
mon accumulation de voeux pieux.
J'y pioche pour me tenir compagnie dans les moments creux, froncer du sourcil l'air pénétré devant mon jambon à l'huile au Balto.

Tout cela pour en venir à mon propos du jour,
à savoir, que que le concept de Moment est essentiel lorsqu'il s'agit d'aborder un livre.

Je n'étais pas parvenu à aller au delà du premier chapitre
des "anges n'ont rien dans les poches" de Dan 'fils de' Fante.
C'était une sorte de bouillie tordue et illisible, une fièvre incompréhensible et pénible.

Toutefois, vieux fond inquiet de culpabilité aidant,
l'ouvrage était retourné dans la pile,
histoire de se refaire une virginité.

Passent quelques mois d'épiques aventures
(lire à ce sujet "Le club des 5 et le secret des Templiers" )
et le voilà réapparu dans mon sac en ce début de semaine, l'air de rien,
le genre à attendre en embuscade le bon moment pour te bouffer trois doigts.
Ce n'était plus le même livre.
Limpide et fluide.
Fromage et Dessert.

Je suis clairement incapable de dire comment il est parvenu à réécrire
tout cela en si peu de temps, mais je suis content de voir que mes critiques
ont porté leurs fruits.

Pareillement,
je garde un souvenir chaud et vivace de quelques auteurs de mon adolescence.
Gregor Samsa planqué sous le lit, la fulgurante carrière de Hank à la poste, les souvenirs de la maison des morts.
tout cela s'était mélangé au fil du temps en un sirupeux cocktail où j'aimais clapoter des deux pieds.

Lubie soudaine, je ressors l'autre jour le Procès.

Je passe un très mauvais moment.

Horriblement gêné pour Joseph et ses jérémiades de poulet déplumé.
Horriblement gêné pour le jeune garçon romantique qui suivait fébrilement ses péripeties.

Me voila navré par son manquede réactivité,
pointant du doigt avec quelle flagrance le sujet est peu motivé, à quel point il manque de pro activité,
comment il est incapable d'optimiser son aptitude à résoudre les conflits.
Le mauvais élément typique dont les errements peux coûter un budget à l'équipe.
Le genre de gros naze qui s'asseoit sur sa prime en fin d'année les larmes aux yeux.
Le genre de loser qui part dans la première charette de restructuration.
Le genre de de minable qui ne sait pas accorder ses cravates avec ses chemises Armani.

Mais mon petit pote, tu sais où tu peux te la foutre ta demande de promotion au poste de senior manager ?

Depuis,
je regarde avec angoisse cette rangée de vieux livres poussiéreux, là bas, au fond derrière.
Terrorisé de découvrir quelle bande d'improductifs geignards j'ai hébergé en mon sein jusqu'à présent.




1 Comments:

J'ai trouvé!!

:)

Miss B.
(j aime pas le coté anonyme, ça m rappelle mon quotidien)

By Anonymous Anonyme, at 3:01 PM  

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