24.1.05

Toutou, première fois.

J'aime bien les chiens.

J'aime bien cette passion énamourée qu'on peut lire dans leurs regards.
Cette confiance indestructible qu'ils nous vouent une fois le lien de la confiance établi.
Cette obéissance fondée sur le respect et l'amour offerts au Maitre, au Lider Maximo juste et bon qui les mènera sur le chemin illuminé de la victoire.
Une fois ce rapport construit, il sera maintenu dans une confiance aveugle jusqu'à la mort, contre vents et marées.

Je ne parle pas des chiens méchants,
ceux rendus fous par la violence d'un avilissement servile dont le seul but est de les rendre plus aptes à frapper en traître, en lieu et place de leurs minables kapos trop veules pour oser s'y frotter eux-mêmes.
Non, je n'aime pas les chiens méchants.

J'aime bien jouer avec eux, aussi.

Prétendre lancer la balle et les voir galoper au loin, à chercher de leur mieux l'hypothétique chute. Les voir s'asseoir comme on le leur a appris, avaler frénétiquement un morceau de biscuit en récompense. Les faire sauter à la hauteur souhaitée pour tenter d'attraper une quelconque distraction.

Et souffler néanmoins le chaud et le froid, s'ils deviennent un peu trop enthousiastes, un peu trop familiers. Un chef de meute doit savoir faire montre de force, lorsque celle ci est justifiée.

Ce que j'aime surtout, c'est les faire jouer à se suspendre à un bâton.

On prend un bâton relativement long et suffisament robuste, on laisse le chien s'y aggriper fermement de sa machoire et on le soulève doucement, à deux mains, jusqu'à ce qu'il ne touche plus terre.
Et on voit combien de temps tient le chien.

Tout est question de race et de tempérament.
D'éducation et d'obstination.

Certains chiens, étouffés par des couches successives d'affection et de d'infantilisation, lâchent très vite le morceau de bois.
Les plus gros, souvent, ne sont pas les plus résistants.
Il faut les voir alors, penauds, réclamer leur bout de bois. Les voir gratter de la patte et réclamer à nouveau le bâton. Ils souhaitent tellement pouvoir se refaire, avoir une seconde chance.
C'est si facile.

D'autres, en revanche, sont terriblement retors, il est pratiquement impossible de leur faire lâcher prise. On peut alors les faire tournoyer avec force, sans que pour autant ils lachent d'un iota leur prise.
C'est prodigieusement impressionnant.
On parle même d'histoires où il fallu une barre à mine pour déloger l'étreinte du chien.

mais je vous l'ai déjà dit, je n'aime pas les chiens méchants.

Et encore une fois, ce ne sont pas les plus gros les plus résistants.

Bien sûr, tout l'intéret réside alors dans les stratagèmes que l'Homme va mettre en pratique pour lui faire lâcher prise.
Tout l'intérêt est bien évidemment là.

Lui faire lâcher prise.

La suprématie de l'Homme sur le Chien.

On peut le distraire, le corrompre, lui mentir, avoir recours à la force, mais pas trop.
Quoique.
Un éventail démesurément disproportionné d'éventualités s'ouvre à soi afin de garder le contrôle de ce petit exercice. Celà en devient une question d'honneur. Ou un simple petit exercice anodin.

Au choix.

Mais une chose est sûre.
Ils lâchent toujours,
par fatigue ou par faiblesse, par lassitude ou par faim,
ils lâchent toujours.

Demain,
j'ai rendez vous avec mes supérieurs afin de discuter de ma carrière et de mon augmentation.

Combien de temps vais-je bien pouvoir tenir en l'air, la machoire aggripée au bâton ?

Je vous l'ai déjà dit, pourtant,
ce ne sont pas les plus gros les plus résistants,
et je n'ai rien d'un chien méchant.



6 Comments:

Tu parles, je mords le baton.

Spike

By Anonymous Anonyme, at 10:58 PM  

Je ne sais pas pourquoi, sans doute par le chevauchement d'images subliminales où se croisent Fante (père de Dan) et son Chien Stupide et l'empreinte d'un style, mais je lis ce texte et je pense à ce chien de "24 heures avant la nuit". Livre à rajouter d'urgence à la pile du plaisir, s'il y en a une. Il est peut-être encore temps de courir chez Virgin. L'Homme du Moment.

By Anonymous Anonyme, at 11:36 PM  

C'est amusant le hasard, parfois.

J'étais effectivement à Virgin hier, et j'ai effectivement acheté du Fante Père.
En revanche, j'ai opté pour mon chien stupide, afin de rester dans le ton de la note.

Je note néanmoins le titre. Merci du conseil.

By Blogger Découper selon les traits, at 9:42 AM  

"Combien de temps vais-je bien pouvoir tenir en l'air, la machoire aggripée au bâton ?"
.
ça dependra surement de la taille du baton. (sans aucune connotation facile)


Lyli - So Happily Unsatisfied.

By Anonymous Anonyme, at 10:42 AM  

Lyli : Se priver des connotations faciles rend la vie un peu moins gaie, je trouve.

Peu importe la taille du bâton, en fait, ils trouveront toujours un moyen.

Raf : J'ai toujours été un peu lâche. C'est pour ça.

FP: je crois que ton chien a joué avec le clavier en ton absence.

By Blogger Découper selon les traits, at 10:53 AM  

Je pense qu'il est difficile de s'identifier à une bête sans perdre de son humanité, mais il est facile d'imaginer des gens cruels le faire pour les autres par intérêts.
Cordialement

By Anonymous Anonyme, at 12:01 AM  

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