8.1.05

Xerox et les petites contrariétés


Chat perché !

Je n'imprime plus.

Ce n'est pas la première fois que je m'en rend compte, d'ailleurs.
Je ne décode plus les informations qui parviennent à moi.
On pourrait se dire que c'est dû à la fatigue, au surmenage, à une trop grande cadence de rendement pour booster le ratio production.
Mais je crois que c'est principalement lié au fait que les gens m'emmerdent et que je ne fais pas l'effort.

Ohhh oui, je les vois, je les vois bien ces petits signes avants coureurs du vieux garcon.
La robe de chambre rapée, les miettes dans la barbe et les salades saupiquet en boite.
Je tente de résister autant que je peux, mais je ne me fais pas d'illusion, c'est inéxorable.

Souvent, lorsqu'on me présente quelqu'un, j'oublie son prénom pratiquement immédiatement.
J'écoute d'une oreille distraite les diverses anecdotes et complaintes de mes congénères,
je ne rends pas les sms de la nouvelle année,je promets d'appeller et j'oublie.

C'est bien simple, hier soir, à une super soirée blog, je n'ai adressé la parole qu'à une personne.
Certes nous étions juste deux, mais, en gros, l'idée est là.

Donc, j'imprime pas.

pas plus tard qu'hier, par exemple, pot de départ.
On est comme ca chez nous.
Il nous faut du rendement, il nous faut du chiffre, il nous faut boire un coup de temps en temps, donc licenciements, donc pot de départ.

C'est sympa, un pot de départ, quand on y réfléchit bien.
Un pot de départ c'est la boum de notre enfance transposée dans le triste monde du travail.

Toutes les personnes de l'équipe sont conviées, dans un entrain forcé, à se réunir, quelques personnes d'autres départements sont également là et il y aura peut être un ou deux grands, s'ils ont le temps.
On doit acheter un cadeau dont on a pas la moindre idée du contenu et tout le monde doit signer la carte pourrie à caractère comique. Dans la pièce de réunion, les tables et les chaises sont poussées pour faire plus de place. Personne n'a rien de particulier à se dire, on parle travail, on se rue sur la nourriture et les boissons de qualités incertaines, les gens restent contre les murs en attendant que ça passe, avec un air un peu gêné.
On tente de draguer Marjorie du troisième étage maintenant qu'elle a bu deux coupes de champagne. Il y a le petit groupe des fumeurs dans un coin.
Enfin ce genre de choses, quoi.
Une boum je vous dis.
Il ne manque plus que les slows avec la grosse qui sent des aisselles et le tableau serait complet.

Pot de départ, donc.
Alors que je n'en tenais plus d'acquiescer mollement au pénible récit des aventures d'extrême sport de la commerciale Sud Est, qui s'était mise en tête que je devais en avoir une, de tête, à aimer le sport extrême,
je me dirigeais vers le futur partant dont l'éviction n'était à présent plus qu'une question de minutes, et le saluais avant de m'en aller, occupé qu'il l'était à rire poliment a des plaisanteries de circonstances aussi drôles que fines.

Eux : " AH AH ET PUIS COMME CA TU VERRAS DE NOUVELLES GONZESSES AH AH HEIN"
Moi : " Bon mec, je vais bouger moi aussi."
Lui : " Sympa d'être venu, prends soin de toi"
Moi : " Pareil, passe un bon weekend, à Lundi"
Lui : " AhAh t'es trop con"

Sauf que voila, heureusement sauvé par l'absurde, il n'en demeurait pas moins que je n'avais répondu ni machinalement, ni distraitement.
Je n'avais tout simplement pas imprimé. Trente minutes à boire du champagne tiède à sa santé et j'avais déjà oublié la raison de ma présence ici.
Les miettes dans la barbe, je vous dis.

Mais à part ca tout va bien, en descendant vaguement honteux les escaliers vers d'autres destinations,
je me rendis compte que j'avais participé à l'intégralité du pot de départ avec la braguette ouverte.

Je vous le dis, moi, l'utilité du weekend, je la comprends particulièrement bien.




5 Comments:

L'age ... juste l'age :/

Pas Elle

By Anonymous Anonyme, at 10:11 PM  

putain, ce que tu as raison. le pot de départ en entreprise c'est l'antichambre de l'enfer.
je suis toujours tétanisé au moment de mettre un mot gentil sur une carte postale d'une laideur affligeante à quelqu'un que je n'apprecie pas plus que ma concierge.

By Blogger smithee, at 1:07 AM  

Oui, nous devenons des complices passifs.
Cela sera dur à défendre lors du grand procès.

Perso, ce que me dérange le plus, c'est le chantage affectif de l'enveloppe, lorsqu'il s'agit de lacher un montant suffisament parlant pour eviter de se faire accuser de pingrerie.

By Blogger Découper selon les traits, at 9:59 AM  

Ce croquis hélas réaliste me ramène au pot auquel j'ai participé hier. La question est : comment se fait-il que certains aient droit à des pots de départ, et d'autres pas ?
Quand je pense que c'est moi (sous fifre numéro 4012) qui ai organisé celui de la précédente DRH !!!
Sinon, pas d'angoisse, tant que t'es conscient que t'imprimes pas, y'a d'l'espoir sur ton avenir. Et entre nous, tu préfères quoi, les boîtes saupiquet ou la 4x4 rutilante du beauf à Eugène ?
PS : Merci à Smithee pour son lien, il a raison, belle écriture.

By Blogger Ardente, at 11:27 AM  

Souvent, les gens organisent leur pot eux même, vraisemblablement pour être à l'abri de déconvenues.

Choisir entre la gentille boite saupiquet ami des arbres ou le méchant SUV nazi qui tue des chatons ? :)

Nul besoin de se leurrer de légendes, je préférerai toujours le 4x4 et qu'on organise mes évènements à ma place.

Alan a toujours raison, Alan est grand. Merci.

By Blogger Découper selon les traits, at 12:30 PM  

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