22.4.05

Paniques

L'épuisement ne survient pas toujours là où on l'attendrait.

Mardi, je me retrouve, sans trop savoir commment, retranché dans un building barricadé plus ou moins en ruines, en compagnie d'autres survivants d'une invasion planétaire de zombies.
Les choses ont l'air de pas trop mal se passer, peut être profitons nous de cette vigilance préventive qui nous a permis de nous préparer convenablement à l'inévitable. En tout cas, il ne semble pas être question de faim ou de froid.
Je ne me rappelle plus trop s'il y avait des femmes dans le groupe et le cas écheant si elles étaient toutes amoureuses de moi, mais la cohésion entre chacun d'entre nous est forte et ne s'érode pas au fil des jours.
Un soir où je suis de guet, alors que j'étais perdu dans mes réflexions contemplatives, je vois escalader depuis la masse grouillante au sol un fakir mort vivant. il glisse silencieusement et avec souplesse le long de la paroi de l'immeuble. Je réalise subitement avec frayeur que les fakirs, du fait des longues heures de méditations pratiquées de leurs vivants, ont conservé une maitrise totale de leurs corps qui leur assure une parfaite agilité physique et intellectuelle une fois devenus morts vivants.
Ils restent toutefois animés d'intentions pour le moins hostiles et constituent donc une nouvelle menace qui risque de s'avèrer difficile à combattre. J'ai néanmoins le temps de lui faire tomber quelque chose de lourd sur le coin de la gueule avant de donner l'alerte. Il me semble que c'est une machine à laver.
Je me réveille les yeux écarquillés, oscillant comme un jouet à ressort sortant de sa boite, avec l'impression d'avoir découvert une profonde vérité pétrifiante.
La boule de panique que je porte en moi est tellement forte qu'elle en est presque tangible.

Mercredi, je suis tout d'abord frappé par ces jolies arcades de bois, fleurant furieusement les collèges republicains du siècle dernier. L'architecture faire penser aux cloîtres arlésiens, sauf que nous sommes apparement présents en ces lieux pour participer à un examen, avec un groupe d'étudiants japonais vétus d'uniformes d'écoliers anglais. L'examen est une épreuve de géographie comptant pour le baccalauréat dont le sujet est l'Arctique. Sujet où je semble pour le moins prolifique, vu l'agacement que je manifeste à la lecture des différentes questions. Je ne cesse de penser à deux explorateurs perdus sur la banquise dans le blizzard, et j'insiste énormement sur ce point dans ma copie, afin de sensibilser l'opinion sur leur sort. Quand je sors, je discute du sujet avec les autres étudiants, mais je ne comprends rien car ils me répondent en japonais. Je suis convaincu qu'ils le font à escient, pratiquant la rétention d'information dans le cas possible d'un oral sauvage.
Je me réveille avec une angoisse sourde, nauséeux, en pensant à la réunion que je vais devoir mettre en place, une fois entrés en production les nouveaux process que j'ai établis.

Jeudi soir, je suis au cinéma, durant une séance où je n'ai aucun souvenir du film. Je ne regarde pas l'écran, de toutes façons. A coté de moi, il y a mon nouvel ami qui insiste pour fumer un micro joint, sur lequel on ne peut tirer que deux bouffées. Je n'aime pas ça. Il insiste pour que nous le partagions. Aussitôt déboule une escouade de policiers en tenue d'intervention, qui interpellent dans le noir toutes les personnes qui se sont droguées dans la salle.
Une inspectrice rousse avec un front proéminent m'amène au commissariat. Elle est en tailleur gris. Je me dis qu'elle est vraiment trés laide et qu'il est impossible qu'une idylle se noue entre nous deux. Elle semble partagée entre son devoir à accomplir et l'affection qu'elle porte à mon égard et qu'elle a du mal à dissimuler. Je ne me resouds pas à user de mes charmes pour retrouver ma liberté et je me retrouve donc dans la salle d'attente du commissariat aux murs verts pistache, qui ressemble à un hall de cité universitaire. Mon ami me rejoint, escorté par un autre inspecteur, un peu dans le style de ce boxeur français décoloré, et dont l'aspect buriné laisse supposer qu'il doit souvent opérer à couvert. Je suis un peu jaloux car son inspecteur est carrément plus cool que le mien. Ils nous laissent tous les deux seuls dans la salle d'attente et je me dis qu'il faut profiter de cette erreur pour mettre au point un ligne de défense commune.
Au final je me resouds à simplement dire la vérité, étant convaincu que les nombreuses fautes de procédure laissent supposer du manque de volonté de leurs parts de nous mettre en prison.
Je me réveille en ayant l'impression de ne pas avoir dormi. La panique est avérée. Il me semble que j'ai une bonne raison de vraiment paniquer, mais je suis incapable de me rappeller laquelle.

Ce soir, étrangement, j'ai quelques réticences à aller me coucher.



4 Comments:

Au moins si tu te prends une machine à laver sur le coin de la gueule dans les prochains jours, tu pourras féliciter ton inconscient pour sa sagacité.

By Anonymous Anonyme, at 2:30 PM  

Fais comme moi, ne dors plus !

By Anonymous Anonyme, at 12:33 PM  

j'peux t'en emprunter un je sais plus quel bobard raconter à mon psy

By Anonymous Anonyme, at 9:34 PM  

Peut être de la publicité subliminable pour une marque de machine à laver.

Peut être qu'il faudrait arrêter de regarder la chaîne des fictions qui charrie sont flux de films de mauvaise vie.

Peut être qu'il faudrait rêver du psy.

Peut être que dormir n'est qu'un luxe bourgeois !

By Blogger Découper selon les traits, at 12:47 AM  

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