31.5.05

Le meurtre est l'extension logique des affaires.

Une paire de cuisses sur des talons hauts qui gravit avec difficulté les escaliers qui mènent au quai.
Légère vue de dessous.
6 sur une échelle de 10.
Des ongles vernis. Une peau laiteuse.
des chaussures à 50 sacs, à tout casser.
Le tailleur est sobre.
Elle montre ses jambes pour qu'on ne regarde pas sa tête.
On peut se dire que c'est une petite journée quand on se surprend à regarder avec un peu trop d'insistance un ersatz d'érotisme d'entrejambe.
"Bonjour, il se trouve que j'ai une libido complexe. Est-ce que notre relation peut se limiter à juste regarder vos jambes, s'il vous plait."
On peut se dire que c'est une petite journée quand on se fait surprendre à regarder avec un peu trop d'insistance et qu'on en éprouve pas la moindre honte.
Le regard d'allemand aviné devant les vitrines d'un eros center.

Je suis poursuivi par un étranger.
Un étranger du Nord, note bien.
De ceux qui se baignent nus dans les fjords, respectent les limitations, portent des lunettes carrées. Des gens qui achètent leur alcool uniquement à travers des vitrines.
Il me connait.
Je ne réponds pas.
Je ne marche pas assez vite.
Je ne mange pas de renne.
Il me demande pourquoi je suis de cette humeur.
Je lui demande s'il est toujours aussi con.
Il me répond qu'il vient d'être viré.
Je lui demande si c'est parce qu'il est toujours aussi con.
Il ne mange pas assez de rennes, lui non plus, il ne peut pas me frapper.
On peut se dire que c'est une journée sans, quand on en vient gratuitement à traiter de con.
Je lui parle de Riesling, des vendanges tardives.
Je lui parle d'alcool qu'il achète à travers des vitrines.
Il comprend que je ne plaisante pas.

Le téléphone sonne. Je ne réponds pas.
Le téléphone sait que je suis là.
Je me demande comment il le sait.
Les sonneries durent longtemps, elles se répétent.
Le répondeur ne se déclenche pas.
Ils m'observent.
Ils ont du cacher une petite caméra.
Le téléphone sonne pour la cinquième fois.
Ou bien des espions.
Des espions qui mouchardent mes agissements. Dans des micros ultra-légers.
Surtout pas de faux-pas.
Je contribue activement à une politique libérale et audacieuse.
Je suis au meilleur de ma forme.
J'ai récupéré avant-hier le Walther P38.
Il sent fort le gras.
On me dit que c'est peut être important, qu'il faudrait décrocher.
Je dis qu'à présent j'ai un putain de flingue, que personne sur terre ne me fera décrocher.
Surtout pas d'autre faux-pas.
On me donne l'exemple en décrochant d'autres téléphones devant moi.
Ils reçoivent leurs ordres dans des micro-oreillettes.
Ils veulent que je décroche. Ils ne m'auront pas.
La caméra est dans la lampe. Je l'éteins d'une claque.
Le téléphone dit que des gens sont licenciés.
Deux.
C'est anonyme, des gens.
Des gens sont ils encore anonymes quand ils ne sont que deux ?
A partir de combien de pierres le tas disparait il, déjà ?
Le téléphone dit que nous devons donner une estimation de la prime à donner.
Personne ne bronche quand je suggère une arme semi-automatique de la seconde guerre mondiale.
Ils ont du en recevoir l'ordre dans l'oreillette.

Un chat me miaule dessus avec vigueur.
Il me dit de ne faire confiance à personne.
Il veut que je le prenne dans mes bras.
De l'amour instantané, gratuit.
De l'amour impulsif et sincère.
Les jambes prennent la deuxième position de tendresse de la journée.
Le chat miaule sur le passant suivant avec vigueur.
Les jambes gagnent une place.

Je n'ai rien à faire.
Des gens attendent en bas de mon immeuble.
Ils sont plus de deux. Je peux le certifier.
Je prétends être pressé, j'en ai l'air.
Ils me bloquent le passage. Ils sourient.
Je refuse de gouter aux plats sur les trétaux, de manger avec eux.
Je réponds brutalement.
Je n'ai pas le temps, je suis pressé, mens-je.
Je bouscule un gens. Deux, peut-être.
Dans l'ascenceur, on me parle mais je n'entends pas. Je ne reponds pas.
Je feins d'être toujours pressé, pour donner le change.
Le frigo est vide.

Petite journée.



10 Comments:

je n'ai pas desserré les dents à la lecture... vous avez respiré en l’écrivant ? sourires…

By Anonymous Anonyme, at 9:25 AM  

Tu.
Il faut dire, tu.

By Blogger Découper selon les traits, at 1:51 PM  

btw,
j'ai piqué le titre à l'étrange monsieur Verdoux de Chaplin, via les ouvrages de Don Delillo.

By Blogger Découper selon les traits, at 1:54 PM  

La version moderne d'Erostrate !
Jean-Paul Sartre en serait jaloux...
Bravo

By Anonymous Anonyme, at 5:17 PM  

chez moi c'est sans parole chez toi c'est avec... et c'est mieux

By Anonymous Anonyme, at 8:18 PM  

:)

By Anonymous Anonyme, at 8:23 PM  

Alors,

Il ne me reste plus qu'à trouver les emails de 200 bloggers.
J'ai quand même la conviction qu'on est bien loin de rendre Sartre jaloux.

Je ne sais pas s'il est nécessaire parfois de traduire avec des mots.
On est mal compris avec les mots.

C'est limite de l'escroquerie intellectuelle ton coup du smiley.
Mais ca plait à des gens, apparement.

Le titre est trompeur.
Mais il me semble que je préfère encore quand tu me traites de connard, c'est plus franc.
Ou alors nous nous sommes mal compris ?

By Blogger Découper selon les traits, at 12:36 AM  

Je vais prendre une pelle et m'enterrer très profond.
Très très profond.
Toutes mes confuses.

By Blogger Découper selon les traits, at 9:45 AM  

Je me fais souvent discrète sur les blogs, même ceux que je lis quotidiennement. Mais là, je suis tellement soufflée que je ne peux m'empêcher de laisser quelques mots pour exprimer mon admiration pour ta plume.

Bravo!

By Anonymous Anonyme, at 5:48 PM  

Je te remercie Piu.

Je retourne m'enterrer pronfondément.

By Blogger Découper selon les traits, at 10:22 PM  

Post a Comment

Powered for Blogger by Blogger Templates
Listed on BlogShares