14.6.05

savoir et ne pas agir, c'est ne pas Savoir.

Une plainte sourde et profonde.
Ca fait psschhhhh
Une mélopée qui ne cesse d'aller crescendo.
Ca fait woooo
Un hurlement de spectre comme seuls les enfants savent les faire.
Ca aurait pu me réveiller.

"Les amis, je crois qu'il y a un fantôme sur le balcon.
Nous devrions monter une expédition et le renvoyer dans les ténèbres avec nos proto-packs."

La seule nuit où tu laisses la fenêtre ouverte et il y a une tempête comme seules les nuits de Juin peuvent en offrir.
Un vent terrible et de la pluie.
Des éclairs et des trombes d'eau.
Du sang et des tripes.

On est, hélas, bien loin de l'Apocalypse.
L'eau est poussée trop brusquement par des ventilateurs défectueux.
Les flashs des eclairs rappellent ceux des spectacles des kermesses de province.
Il n'y a pas d'incendie.
Aucune route n'est brisée.
On voit les cordes qui secouent les arbres.
Le fantôme au drap s'agite de façon désordonnée et ridicule, en bramant de façon très pitoyable.
Il fait booooooo en soufflant dans un kazoo.
Un kazoo percé.

Je refuse de visiter le passé, le futur, ou quoi que ce soit avec un fantôme qui joue du kazoo.
S'il rentre, je lui mets un coup de club de golf et je plaide la légitime défense.
On verra si Dickens continue à faire le malin.
Revisiter les classiques de Noël à grands coups de massue.
Il y a certainement un créneau porteur.
Remarque, s'il espérait te réveiller, il en sera pour le dérangement, vu que niveau sommeil on est très loin du compte.

Tu ne comptes plus les heures passées à penser à Groucho Marx, à sa façon qu'il a d'écrire sur l'insomnie, cette façon si particulière qu'il a de rendre ce processus si attrayant.
Une moustache peinte, des amis juifs, deux trois traits de génie et voilà l'insomnie qui devient tendance et séduisante.
Pas bête.
Si tu ne peux pas vaincre, autant t'associer.
Pas con du tout.

Tout ça parce qu'on t'a demandé qu'est ce que tu allais faire maintenant.
Si tu ne regrettais pas un peu.
Et si c'était à refaire, alors, hein.

Même pas par malice, note bien.

Une banale conversation sur le mode vieux copains en fin de semaine.
Des confidences sur le coup de la fatigue.
Rien du plus.
Tu es un peu hors du coup et alors les questions sont moins bien filtrées.
C'est humain.
Ce sont des choses qui arrivent.

On aurait eu les membres fourbus et le regard plein d'humanité, on retaperait la cabane en bois en mangeant les légumes du jardin. Le chien pataugerait dans la piscine à vagues et les jumeaux mangeraient des gateaux à la terre en riant. Le facteur saluerait en passant sur sa bicyclette.
Il y aurait un hamac et des rosiers.
Et puis sous la veranda, devant la citronnade, on t'aurait demandé,
comment va la santé, ah ah ah
Ou alors on t'aurait dit, et le travail, ah ah ah
Ou bien, tu n'aurais pas pris du poids, ah ah ah
Ou encore, et si c'était à refaire, est ce que tu hésiterais encore, ah ah ah
Ou peut être, est ce que tu ne regrettes pas tout ça, ah ah ah
Ou sinon, et qu'est ce que tu vas faire maintenant, ah ah ah

Et toi bien sur, tu aurais ri.
Un rire sonore et puissant.
Comme à la fin des séries américaines.
Et après, il y aurait eu une petite partouze.
Tant qu'à écrire n'importe quoi, autant se faire plaisir.

C'est comme ça que ça aurait du se passer.
C'est comme ça que ça s'est passé.
Et si on vous dit autre chose, surtout ne les croyez pas.

Et te voilà comme un idiot, à contempler avec des yeux béants le gouffre devant toi.
Vrillé de la nuque au ventre.
La gorge sèche, peut être.

Oui, qu'est ce qu'on va faire maintenant.
Maintenant que ce n'est plus à refaire et que j'ai hésité.
Et surtout, ne pas oublier de se tenir la main sur les couilles, le regard au loin, l'air pénétré.

Le meilleur moyen de dormir, c'est de s'imaginer qu'on est le matin.
C'est ce genre de choses qu'il disait Groucho.
Ok, Il peignait une putain de moustache, il fronçait des sourcils en tirant sur un cigare éteint.
Mais l'idée est là.
Faire des confidences avec une fausse moustache.

Moi j'ai inventé ca :
Le meilleur moyen de faire sonner le téléphone, c'est de s'imaginer qu'on va nous oublier, ne serait ce qu'un instant.
Regardez, je fronce mes sourcils.
J'ai un peu copié, mais bon, de nos jours, plus personne ne prend le temps de lire.

" - Tu sais qu'il est 6 heures du matin ?
- Et l'imprévu, les courses poursuites en voiture ?
- Je n'ai toujours pas fini de payer mon malus.
- Bon anniversaire.
- Tu ne pouvais pas attendre la bonne heure et la bonne journée ?
- Je suis à l'hopital, j'ai le droit.
- Tu as décidé de me téléphoner uniquement depuis des hopitaux, une fois tous les ans ?
- Tu es ce qui ressemble le plus à un proche dans ma vie.
- Pourquoi ne m'appelle on jamais en pleine nuit pour aller faire l'amour ?
- Je vais me marier, sinon.
- Ne compte pas sur moi pour être la demoiselle d'honneur."

Un fantôme en replace un autre.
L'heure de peindre sa moustache.
Nauséeux et en retard.
Un crabe fulgurant.

"Quand je le vois là, étendu, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est qu'il écrivait quasiment tous les soirs.
Des poèmes, surtout, mais pas uniquement.
Il en choisissait quelques uns et à l'occasion il les lisait devant tout le monde.
C'est ce qui me vient à l'esprit, ce qui me restera de lui, je crois"

C'était donc ça.



16 Comments:

C'est bien d'avoir l'insomnie lyrique, ça change de ceux qui téléphonent à leurs potes à pas d'heures pour dévaliser l'épicerie de nuit. On combat les fantômes comme on peut...et on a les apparitions qu'on mérite...

By Anonymous Anonyme, at 7:28 AM  

C'est grand. Tu devrais commercialiser cette énergie qui te pousse à écrire, aussi violemment...

... je crois que je viens de comprendre pourquoi je n'y arrive plus. Une question d'environnement... je vais devoir y réflechir. Pas moyen d'être plus précis au réveil.

Bravo anyway

By Anonymous Anonyme, at 9:10 AM  

J'aime beaucoup ce que vous faites mais au boulot la lecture pointillée s'impose, et ça nuit quand même un peu à la compréhension de ta prose.
Si tu pouvais écrire en SMS pour qu'on arrive au bout plus vite...

By Anonymous Anonyme, at 12:12 PM  

Beau.

By Anonymous Anonyme, at 12:38 PM  

joe : ok
raf : c'est a cause de la bite dans la photocopieuse
nacha : c'est noté, je ferai des petits résumés comme dans télé 7 jours.
fp : file dans ta chambre

By Blogger Découper selon les traits, at 10:41 PM  

Je me talque les fesses ?

By Anonymous Anonyme, at 4:47 PM  

Pas loin... j'ai fait un petit dessin explicatif qui attend des commentaires quelque part dans un coin de la toile (ceci dit sans aucune arrière-pensée) :P

... à la réflection, je me demande si la bite dans le photocopieur ne serait pas une source d'inspiration plutôt qu'un frein à la création. Il faudra que j'essaye à l'occasion :D

By Anonymous Anonyme, at 8:20 PM  

Mince, je viens de comprendre... tu parlais de ton expérience personnelle. Excuse ma méprise.

Raison de plus pour essayer d'ailleurs :D

By Anonymous Anonyme, at 8:21 PM  

Dire qu'il est des sensations qui me seront à jamais inconnues...

By Anonymous Anonyme, at 10:37 AM  

nacha-> le cul sur la photocopieuse ça peut le faire aussi, 'fin moi ce que j'en dis hein ?

By Anonymous Anonyme, at 12:35 AM  

Magistral. Exemplaire.
Voilà qui fait partie de mes applaudissements virtuels.

By Anonymous Anonyme, at 3:07 AM  

je te l'ai déjà pas souhaité donc ça roule ...(ça c'est fait)
agir sans savoir c'est tout aussi dangereux...
t'enlèves ce bandeau steuplé et remets tes collants t'es indécent

By Anonymous Anonyme, at 9:10 AM  

Et sinon, ça lui fait quel âge à ce grand garçon ?
Il serait temps qu'il pense à s'installer, tout de même. Tu sais, moi à ton âge...

By Anonymous Anonyme, at 10:50 AM  

Moi je sais, moi je sais ! Moi je ...
ferme ma gueule ?
Ah ok.
:)

By Anonymous Anonyme, at 1:48 PM  

pourquoi j'ai du mal a déglutir quand je me pose la question du souvenir laissé apres mon départ... ?

By Anonymous Anonyme, at 3:19 PM  

Merci à vous tous.

Je suis un grand garçon à present. Presque aussi vieux que FP.
C'est dire.

By Blogger Découper selon les traits, at 5:40 PM  

Post a Comment

Powered for Blogger by Blogger Templates
Listed on BlogShares