31.8.05

Everybody loves a loser

La démarche nonchalante, l'air blasé.
Pas de doute.
C'est bien moi.

Là, au premier plan.
Une photo en noir et blanc.
Ce gros grain typique.
Cette encre qui marque les mains.
Immortalisé à jamais dans l'instant à la une du quotidien local, l'oreille vissée à toujours plus cacher des fonds d'origine douteuse.

Juste là, entre une foire au vin et un banquet de l'amitié républicaine Gaston Doumergue, en hommage à ces sacrés farceurs de francs maçons.

J'ai l'air sympa, je trouve.

Je veux dire, pour quelqu'un qui planque des fonds douteux au téléphone.
Il y aurait peut être ces deux trois kilos sournois...

" - Tu débarques comme une fleur du jour au lendemain, et je dois dire Amen ?
- Toujours pas dépassé le stade des références christiques ?
- c'est tout ce qui me restait quand tu as disparu il y a trois ans.
- Tu n'étais pas vraiment de taille à affronter un cancer.
- Qu'est ce que ça veut dire ? Que tu étais payée par une putain de campagne de prévention anti-tabac?"

Une curieuse impression en me regardant.
Désarticulé, dans un élan de mouvement.
Le cheval aux quatres pattes improbables qui imprime mieux que tout autre chose l'impression de vitesse.
Incapable de localiser la source fautive.
Un instant volé dans la plus pure effraction.
Cette désagréable sensation de s'être fait enfler, sans trop savoir comment.
Même pas mon meilleur profil.

" - Je ne vois plus trop où est-ce que j'ai eu le choix dans cette histoire.
- Tu fais tes petits yeux de chien de calendrier ?
- Je vais devenir sentimental.
- Ne sois pas goujat, j'ai un enfant à présent. Un peu plus de deux ans, un prénom juif.
- Comme son père.
- Ne sois pas goujat je t'ai dit.
- Attends, je te rappelle, il y a des ambulances en bas de l'immeuble."

Immortalisé.
Plus jamais de ride.

On franchit l'attroupement, on pousse les badauds d'un air assuré, un peu goguenard mais franchement inquiet, et on ne réalise pas bien que l'appareil est tapi, que le mécanisme est tendu, prêt à éclater, prêt à happer la moindre parcelle de réalité.

Il suffit juste de jouer des épaules, d'avoir l'air pressé, d'oser un peu plus.
De parler juste un peu trop fort sans réellement prêter attention à son entourage.

Et on se retrouve à faire la première page.

Des traces de plomb qui tâchent les doigts.

Il y a juste peut être le titre à retoucher.
"Un jeune déséquilibré tue sa mère de plusieurs coups de couteau".
Le dixième étage. Devant mes yeux depuis une éternité, à un souffle de distance.
Juste des initiales.
Difficile de savoir si c'est un prénom juif.

Sinon, oui, effectivement, j'aurais pu parler de Bruce Lee, mais je me suis fait cramer toute la mystique carthasis par un cowboy plus inspiré.



3 Comments:

Chouette note copaing.
(Oui ben je me reveille hein.)

By Anonymous Anonyme, at 9:53 AM  

J'étais là. Un jour, il faudra que tu paies pour tout cela.
A bon entendeur.

By Anonymous Anonyme, at 1:13 PM  

C'est moi ou bien ?

By Blogger Découper selon les traits, at 11:16 PM  

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